Les scènes construisent votre histoire

Cet article est la traduction en français de l’article « Scenes Are The Building Blocks of Your Story » par Margery Bayne sur le site medium.com.
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Les scènes sont les blocs de construction d’une histoire, qu’elles soient courtes, longues ou sous forme de mémoire. Dans les nouvelles, une histoire peut se composer d’une seule scène ou bien d’autant de scènes que nécessaires.

Comme les pièces d’un puzzle, les scènes permettent de peindre une image racontant une histoire. Chaque scène est aussi une image en elle-même. Une scène bien ficelée laissera votre lecteur sur sa faim. Une scène mal écrite ennuiera ou rebutera votre lecteur.

Qu’est-ce qu’une bonne scène, une scène efficace ?

Les éléments de l’histoire

Comme une mini-histoire dans l’histoire, une scène devrait contenir tous les éléments qui composent une histoire : personnage(s), lieu, intrigue et conflit.

Personnage(s) : c’est le “qui” de l’histoire. Des personnes, animaux, aliens, ils apparaissent dans de l’histoire comme participants, spectateurs ou victimes. Les personnages donnent du caractère à l’histoire.

Lieu : une description approfondie n’est pas nécessaire. Mais le lecteur doit avoir assez d’information pour situer l’action et les personnages. Sinon vous allez vous retrouver avec des personnages parlant dans un espace vide (pour le lecteur). Le lieu a déjà été décrit dans un chapitre précédent, vous pouvez juste mentionner son nom pour que vos lecteurs le visualisent (“ma chambre”, “au boulot”, etc.). Vous pouvez aussi décrire brièvement le lieu (“Dans le parc du centre-ville”) ou faire “ressentir” l’endroit à vos lecteurs (“Alors qu’elle reposait sur l’herbe fraiche sous les rayons brûlant du soleil, elle pouvait se croire seule dans le vaste monde jusqu’à ce qu’elle reçoive un ballon en pleine tête”).

Intrigue : c’est le “quoi” de l’histoire. Avoir une intrigue dans une scène permet de valider la nécessité de cette scène. Si rien ne survient alors cette scène ne fait pas avancer l’histoire et devient inutile et ennuyante.

Conflit : une scène a besoin de tension pour la faire briller. Le conflit peut être petit ou grand. Le conflit peut être externe, interne ou les deux en même temps. Le conflit peut concerner des personnages qui veulent la même chose, des personnages qui veulent des choses différentes ou des personnages en conflit entre eux.

Commencement, milieu et fin

Chaque scène possède un arc narratif : un commencement, un milieu, une fin. Une installation, un conflit/climax et une résolution.

Même si le mot “résolution” est employée cela ne veut pas dire que chaque scène doit résoudre un conflit. Cela terminerait l’histoire elle-même. Mais la scène doit fournir une sorte d’aboutissement.

L’arc narratif de la scène n’a pas à être imposant ou déterminant. Il peut être petit, subtil, interne ou introspectif. Mais il se doit d’exister et de ne pas être plat.

Un changement de fortune

Personnages ou intrigue doivent subir un changement pendant la scène. De bon à mauvais, de mauvais à bon, de mauvais à pire ou de bon à meilleur.

Toutes les histoires possèdent une suite de hauts et de bas, c’est ce qui les rendent intéressantes.

La plupart de vos scènes auront des changements “bon à mauvais” ou “mauvais à bon”.
Les scènes “mauvais à pire” vous serviront à augmenter les enjeux de votre histoire. Elles doivent être placées stratégiquement.
Les scènes “bon à meilleur” se situent juste avant que le ou les personnages plongent en enfer ou bien à la toute fin de l’histoire.
Une histoire qui est une suite de bons moments n’est pas captivante, ni celle avec une suite de mauvais moments. C’est une alternance de changements savamment dosée qui tiendra en haleine vos lecteurs.

Les changements peuvent être petits et subtiles. Même un personnage ayant une épiphanie, un changement interne, compte. Par exemple, une prise de décision peut être un changement au niveau personnel du personnage.

Faire avancer l’histoire

Une scène peut faire avancer votre histoire de multiples façons. Elle peut communiquer de nouvelles informations. Elle peut faire avancer l’intrigue. Elle peut faire évoluer un personnage. Ou tout à la fois.

Une autre façon de voir les choses, supprimer toutes les scènes qui ne font pas avancer l’histoire.
Il faut savoir différencier les scènes inutiles des scènes qui développent des intrigues secondaires ou des scènes qui procurent un moment d’apaisement entre deux scènes difficiles.

Lors du premier jet de votre histoire, vous pouvez vous permettre d’écrire des scènes inutiles. C’est lors de l’édition de votre histoire que vous aurez assez de recul pour contrôler si une scène doit rester ou partir. Une scène qui ne fait pas avancer l’histoire est un bon critère pour savoir quoi supprimer.

En conclusion

C’est beaucoup de choses à garder à l’esprit quand on écrit seulement une scène. Ne vous prenez pas la tête.
Ces choses vont se mettre en place au fur et à mesure que vous écrirez vos histoires.
Quand vous êtes dans le “flow”, écrivez !
Quand vous êtes bloqué ou que vous éditez votre histoire, voici ce que vous pouvez faire.

Vous êtes bloqué

Vous venez de terminer une scène et vous ne savez pas ce qui va se passer ensuite ?
Le problème vient souvient du moment où vous avez commencé à créer votre histoire. Avez-vous la fin de votre histoire ? Avez-vous un arc narratif ?

La conséquence à ne pas réfléchir à son histoire à l’avance est d’écrire des scènes inutiles ou d’être bloqué.
Quand vous êtes bloqué, revenez au début de votre processus d’écriture : définissez le commencement, le milieu et la fin.

Vous éditez

C’est le moment pendant lequel vous devez évaluer la qualité de vos scènes. Sont-elles nécessaires ou inutiles à l’histoire ? Cette scène est-elle plate (sans enjeu) ? Contient-elle seulement une description et aucune action ou changement ?

Cela peut être compliqué à analyser car ces scènes peuvent contenir un petit peu d’enjeu ou d’action sans toutefois être totalement satisfaisante. Votre travail consiste alors à regrouper toutes les informations “utiles” pour les réécrire dans une ou plusieurs scènes plus satisfaisantes.