Pourquoi créer des personnages parfaitement imparfaits

Cet article est la traduction en français de l’article « A Guide to Writing Perfect Characters » par Matt Altman sur le site medium.com.
N’hésitez pas à consulter les articles de cet auteur.

Cet article est là pour vous prouvez qu’un personnage imparfait c’est-à-dire avec des défauts peut être le parfait personnage pour votre histoire.

Raison n°1 : Personne n’aime une “Mary Sue” (trop parfaite pour être vraie)

“Mary Sue” est un trope. Il s’agit d’un personnage trop parfait voire irréaliste pour l’histoire. Ce personnage possède beauté et talents sans que l’histoire ne mentionne ses défauts (toutefois des faiblesses peuvent être évoquées).

Ce type de personnage peut laisse un goût amer dans la bouche des lecteurs.
Pourquoi ?
Ce qui caractérise une personne, en général, est qu’elle est un mélange unique de qualités ET de défauts. Elle se distingue d’une autre personne par ce mélange au dosage unique.
Une “Mary Sue” n’est pas un mélange mais une addition de qualités sans réelles imperfections. Elle ressort comme un personnage artificiel sans réalisme ou profondeur.

En tout état de cause, aucune personne ne peut être belle, intelligente et vaincre, toute seule, une armée entière sans avoir de squelettes dans son placard.
Bien sûr, le lecteur n’a pas à s’identifier automatiquement au personnage pour ressentir de l’empathie à son endroit et suivre, avec plaisir, ses aventures mais il peut arriver que ce genre de personnage trop beau pour être vrai ennuie rapidement le lecteur.

Est-il possible de créer une “Mary Sue” qui intéresse les lecteurs ? Oui, mais ça va être difficile. Ces personnages peuvent être sympa à lire un moment mais cela va être lassant à la longue quand ceux-ci seront obliger d’être “parfait” tout le temps. Ces personnages sonneront faux et deviendront très prévisibles.

Raison n°2 : Les défauts accentuent le personnage, ils ne le définissent pas

Les personnages de vos histoires sont des “personnes” comme les autres. Ils possèdent des défauts.

Mais ces défauts ne définissent pas le personnage. Ils posent les fondations de sa vision sur le monde.
Peu importe les évènements passés. Ce qui importe c’est la façon dont ces évènements ont façonné le personnage pour lui donner aujourd’hui ses défauts.

Prenez par exemple le personnage d’un orphelin. C’est un trope populaire dans les histoires du genre Fantasy mais qui peut toutefois réservé quelques surprises.
Un premier orphelin peut grandir pour devenir un adulte n’ayant aucun ami car il a peur de les perdre aussi.
Un autre orphelin peut grandir pour devenir un adulte avide de contacts humains pour remplir le vide/manque qu’il ressent.

Un seul évènement peut être le creuset de défauts totalement différents.

Les défauts d’un personnage doivent être un obstacle à l’achèvement ses objectifs et permettre à l’auteur d’ajouter du piment à l’histoire en créant des conflits à la hauteur des défauts de ses personnages.

C’est la définition d’un défaut. Il n’est pas un raccourci pour aider vos lecteurs à adhérer à ce personnage. Il aider à créer de la sympathie pour le personnage mais c’est un à-côté, pas un but.

Les défauts créent des conflits.
Ils sont là pour mettre en lumière la condition humaine et la singularité d’un personnage. Ils permettent de dévoiler ce qui fait tiquer/réagir votre personnage.

Raison n°3 : Des personnages qui agissent

Vos personnages doivent avoir le droit d’agir sur leur monde. Non seulement, ils peuvent déplacer des objets (lol) mais aussi d’entreprendre des actions qui les rapprochent de leur but final.

Les actions réalisées par le personnage (souvent influencées par leurs défauts) sont aussi un moyen d’individualiser ce personnage par rapport aux autres.

Par exemple, un mage demande à un jeune garçon d’aller tuer le dragon d’à coté. Le garçon demande pourquoi vu qu’ils existent des personnes plus qualifiées que lui pour agir. Fin de l’histoire.
Dans cet exemple, le jeune héro n’a aucune raison de se mettre en route si ce n’est parce que le mage le lui demande. C’est un peu faible.
Avec une raison et un but, ce personnage se lancera de lui-même dans l’aventure.
Nouvelle exemple : le village du garçon a été dévasté par le dragon. Celui-ci a deux voies qui se présentent à lui : prévenir le village voisin ou empêcher le dragon de sévir à nouveau en l’attaquant lui-même dans son antre.
C’est déjà plus excitant.

Ces exemples sentent un peu le réchauffé mais ils donnent bien le mesure sur ce qui accroche un lecteur à la page de son livre. Un personnage qui agit de son propre chef sera toujours plus intéressant qu’un autre qui fait ce qu’on lui demande.

Et surtout, n’oubliez pas que pour passer à l’action un personnage a besoin d’une raison, d’un but à atteindre.

Raison n°4 : Chaque histoire est une aventure

Et chaque aventure donne naissance au changement.

Un personnage qui passe par tous les tourments de l’enfer et, à la fin de son aventure, n’a rien appris, c’est un peu décevant (ou alors c’est une “Mary Sue” qui était déjà “parfaite”).

Ce changement qui peut affecter un ou plusieurs personnages ou bien le monde entier est souvent une partie oubliée lors de l’écriture de l’histoire. Il y a tellement d’autres choses à travailler et mettre en forme.

Mais le changement existe.
Vos personnages devraient refléter cet état de fait.
Qu’ils soient à l’origine de ce changement, qu’ils l’acceptent ou le rejettent, vos personnages évoluent avec l’histoire.

Idéalement, le changement est un processus lent qui devraient se manifester par petites touches tout au long de votre histoire.
Chaque interaction, moment d’introspection ou perte d’êtres chers ont le pouvoir de faire évoluer votre personnage. Autant en tirer avantage.

Raison n°5 : Tout le monde est un héro

Tout le monde connait la phrase “Chacun est le héro de sa propre histoire”. La plupart du temps, c’est vrai.

Dans la vraie vie, peu de personnes pensent que leurs actions sont totalement mauvaises.
Nous sommes tous biaisés sur certains points et nous pensons réellement faire les bons choix. En considérant qu’aucune situation n’est manichéenne (il n’existe pas un seul bon choix), nos actions peuvent donner lieu à plusieurs interprétations.

La ligne de démarcation entre le bien et le mal devient alors une simple question de point de vue.
C’est plus évident quand l’histoire est écrite à la troisième personne, qu’elle contient plusieurs personnages et que l’auteur met en place des mises en scènes trompeuses.
Du point de vue d’un personnage, ce qui peut paraitre un mal nécessaire pourrait être vu comme un acte odieux par un autre personnage ayant le même but.

Le bon choix existe-t-il ? Probablement pas mais cela peut permettre de distinguer le héro du vilain de l’histoire. Cela étant dit, être un “vilain” ne veut pas automatiquement dire que le personnage est démoniaque.

Vous devriez alors traiter votre “vilain” comme le héro de sa propre histoire. Avec ses défauts, ses raisons et son but à atteindre, il a aussi la capacité à être apprécié par vos lecteurs.