4 façons de rater son personnage (et comment y remédier)

Cet article est la traduction en français de l’article « 4 Reasons We Don’t Love Your Novel’s Protagonist (And What You Can Do About It) » par Austin Hackney sur le site medium.com.
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Une première impression (bonne ou mauvaise) se fait au premier coup d’œil. D’après certains scientifiques, nous nous forgeons cette “première impression” en moins d’une seconde.
Il en va de même pour les personnages de vos romans.
Dans chaque roman, le personnage principal est présenté dans le premier paragraphe voire la première phrase de votre livre. Et ce personnage doit parler à vos lecteurs, éveiller leur curiosité et leur sympathie. C’est ce personnage qui doit donner envie à vos lecteurs de tourner les pages suivantes.

De toutes les raisons données par les éditeurs et les lecteurs dans les revues négatives d’une histoire, celles sur le personnage principal reviennent le plus souvent : un personnage auquel on ne peut se connecter, un personnage en “2 dimensions” (plat, sans relief). Travailler ses personnages est vital pour faire une bonne histoire.

Avant de voir comment créer un personnage attractif pour vos lecteurs, voici les erreurs les plus communes qui surviennent lors de l’introduction de votre personnage dans l’histoire :

  • L’observateur ; un personnage qui ne fait rien
  • Le râleur : un personnage qui râle et ne résout pas ses problèmes
  • Le philosophe ; un personnage qui pense trop et agit peu
  • L’archéologue : un personnage qui “raconte” une histoire au lieu de la vivre

Comme vous allez le voir, il y a un problème commun à toutes les erreurs citées ci-dessus : la passivité du personnage.
Par définition, le protagoniste de votre histoire doit être “actif”. Il n’attend pas que les évènements surviennent autour de lui, il doit en être la cause.

L’observateur

Ce personnage ne fait rien et ne possède ni motivation ni but à atteindre.
Il est l’observateur d’évènements qui se déroulent autour de lui et les rapportent aux lecteurs.

Il existe des personnages “narrateur” qui ne sont pas le protagoniste de l’histoire comme le docteur Watson narrant les enquêtes de Sherlock Holmes. Mais ces histoires sont dures à construire. Elles doivent donner la priorité au protagoniste sans que le “narrateur” ne soit trop mis en avant.

Ce type d’histoire n’est plus trop à la mode. Aujourd’hui la majorité des romans mettent le protagoniste au centre de la narration.
Et il y a une bonne raison à ça : vos lecteurs veulent vivre les expériences de votre protagoniste, ressentir ses émotions au lieu de rester sur la touche en simples spectateurs.

Le problème avec l’observateur est qu’il n’est pas au centre de l’action, il n’a pas à prendre de décisions, il ne fait pas avancer l’histoire. Un bon protagoniste doit être actif, prendre des décisions, réaliser des actions et en assumer les conséquences.
La vie du protagoniste est en jeu. Celle de l’observateur l’est moins et n’intéresse pas les lecteurs en général.

Le râleur

Ce type de personnage aime se plaindre à propos de tout mais il ne fait rien pour résoudre la source de ses problèmes. Alors il continue de râler.

Le râleur est un personnage passif sur lequel les évènements défilent mais ne le touchent en rien.
Les auteurs pensent souvent qu’un personnage expérimentant l’angoisse (existentielle ou non) doit “râler” aka le dire/verbaliser au monde entier. Le personnage peut alors se perdre dans l’inaction et rester dans son angoisse sans y trouver de solution.
Cela crée souvent des personnages déprimants et sans élan.

Un autre type de “râleur” est un personnage enchainant les situations délicates sans les résoudre.
L’auteur cherche ici à créer des conflits mais n’arrive pas à développer son personnage assez pour que celui-ci résolve lesdits conflits. Le personnage râle mais ne fait rien.
Un conflit doit amener à une action ou un changement chez le personnage. Si ce conflit ne “bloque” pas le personnage, ce n’est pas vraiment un conflit et il n’a pas sa place dans l’histoire.

Le philosophe

Un protagoniste doit “faire” des choses. Un protagoniste doit être celui qui fait avancer l’histoire : une action doit mener à une conséquence qui doit mener à une autre action (et ainsi de suite).

Si votre personnage se contente de “penser” les choses ou est sur le point de “faire” mais ne fait pas, vos lecteurs auront du mal à s’identifier à ce personnage et se lasseront de tourner les pages de votre roman.

De très nombreux romans commencent par des chapitres ne contenant aucune “action” du personnage. Il pense, boit un café, fait des plans mais rien de vraiment excitant ne se passe.
Ne soyez pas cet auteur. Dans une histoire riche et complexe avec des personnages “actifs” possédant des motivations et des buts bien définis, faisant activement avancer l’histoire, les lecteurs accepteront un “monologue intérieur” de temps en temps. Mais ne commencez pas par ça.

L’archéologue

L’archéologue est un personnage qui “raconte” des évènements. A la différence du narrateur, l’archéologue est censé être un personnage de l’histoire mais ne prend pas part dans les évènements de l’histoire.
Ce type de personnage se contente de faire des recherches et d’étaler ses trouvailles devant les lecteurs.
Tous les évènements relatés appartiennent au passé et ne peuvent changer.

Le personnage “archéologue” ne peut donc prendre part à l’histoire et en modifier le cours.
Pensez aux moments où vous deviez faire la présentation d’un évènement historique au collège/lycée. L’histoire est peut-être palpitante mais vous, en tant que personnage, n’avez aucun rôle dedans.

Si votre protagoniste est un archéologue, songez peut-être à supprimer son rôle et à raconter l’histoire sous l’angle d’un autre personnage qui a vraiment vécu les évènements.

Le personnage “actif”

Maintenant que nous avons vu les types de personnages “passifs” et pourquoi ils desservent l’histoire, voyons ce que devrait être un vrai protagoniste.

Le protagoniste doit être dans l’action.
Au-delà de “faire” des choses, le protagoniste “actif” doit faire des choses.
Toutes les actions réalisées par le protagoniste n’ont pas vocation à être extraordinaires (sauter d’un avion en plein, braquer une banque, etc.). Mais chaque action doit être motivée par un désir du protagoniste. Chaque action doit rapprocher (ou éloigner) le protagoniste de son but.

Voilà ce que vous devez mettre en avant au début de votre histoire :

  • Un personnage “actif” aka qui est dans l’action pour assouvir un désir qui lui est propre.
  • Un personnage avec une motivation assez puissante pour le pousser à agir. Les motivations les plus courantes sont l’amour, la liberté, la revanche, etc.
  • Un personnage qui possède une croyance forte sur comment atteindre son but. Cette croyance a été forgée par les expériences passées de votre personnage mais l’histoire va lui démontrer que ses croyances ne peuvent s’appliquer ici.
  • Un personnage avec un but immédiat, une étape intermédiaire avant d’atteindre leur but final qui leur permet de garder leur motivation intacte.
  • Un personnage avec un antagoniste (une personne, un endroit, une circonstance) lui barrant la route, l’empêchant d’atteindre son but.
  • Un personnage dont les actions découlent de décisions prises à partir de ses croyances. Les liens de cause à effet sont importants. Votre personnage doit prendre des décisions logiques, ce qui le rendra plus réel à vos lecteurs.

Vos personnages doivent faire face aussi bien à des conflits externes (antagonistes) qu’à des conflits internes (croyances limitantes, etc.). Les conflits internes sont le résultat d’une incompatibilité entre le but (ce qu’il veut) et les motivations (ce dont il a besoin) de votre personnage. Les décisions prises par votre personnage sont mauvaises car elles reposent sur de fausses croyances. Chaque mauvaise décision entraine une conséquence inattendue qui conduit à une autre décision/action du personnage pour rectifier le tir. Ce n’est que lors de la “révélation” du personnage sur ses fausses croyances que celui-ci pourra changer ses croyances et prendre de bonnes décisions/actions pour atteindre son but.
Mais cette “révélation” arrive bien plus tard dans l’histoire. Quand vos lecteurs rencontrent votre personnage pour la première fois, motivations, croyances, désirs, buts doivent former un tout cohérent et crédibles, même s’ils sont destinés à changer.

Si le premier chapitre de votre livre contient un personnage comme décrit ci-dessus alors vos lecteurs seront ravis de rencontrer ce protagoniste “complet” et de le suivre dans ses aventures où qu’elles le mènent.